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#Santé

Les recherches sur l’œil et le sport menées à l’Hôpital Fondation Rothschild

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OPTICIENS ORTHOPTISTES OPHTALMOLOGISTES
22/09/2025

A l’interface entre l’ophtalmologie et les neurosciences, la plateforme d’investigation clinique de l’Hôpital Fondation Rothschild développe une expertise unique autour de l’œil et la vision dans le sport. En s’appuyant sur des partenariats avec des sportifs de haut niveau, les études menées permettent d’identifier de nouveaux biomarqueurs des traumatismes liés au sport et d’optimiser les stratégies visuelles, tant pour les athlètes valides que pour les patients malvoyants.

Vivien Vasseur

 

 

 

Vivien Vasseur,
Responsable de la plateforme d’investigation clinique à l’Hôpital Fondation Rothschild.

 

 

 


 

 

 

Expert dans la prise en charge des pathologies de la tête et du cou, l’Hôpital Fondation Rothschild est également reconnu au niveau national et international pour ses activités de recherches en ophtalmologie et en neurosciences. L’établissement est doté d’une plateforme d’investigation clinique qui rassemble une équipe spécialisée en ophtalmologie et en recherche clinique, ainsi que des outils d’imagerie de la rétine et du nerf optique de dernière génération. 
Depuis quelques années, de nombreux projets s’intéressant à l'oeil et au sport y sont menés, comme le raconte Vivien Vasseur, responsable de la plateforme : « En 2019, on a commencé à faire une première étude sur la vascularisation de la rétine durant un effort prolongé, avec des participants au marathon de Paris. L’idée était de voir si l'oeil soumis à un effort intense subissait des variations physiologiques, et notamment au niveau de la vascularisation rétinienne ». Chez les participants, une mesure de la pression artérielle et un examen ophtalmologique complet ont été réalisés avant et après la course, moins d’une heure après le franchissement de la ligne d’arrivée. Les résultats, publiés dans le Journal of Science and Medicine in Sport en 2021 (1), ont révélé l’augmentation de l’épaisseur de la macula centrale et de la couche de fibres nerveuses de la rétine, ainsi qu’une baisse du débit sanguin, probablement dus à l’hypoxie et à la déshydratation. 

 

 

UN PREMIER PARTENARIAT AVEC DES JOUEURS PROFESSIONNELS DE RUGBY

 

« En parallèle, il y avait un autre sujet prégnant, celui des commotions cérébrales, notamment chez les rugbymen », explique Vivien Vasseur, qui détaille : « L'oeil est une fenêtre sur le cerveau. Les fibres nerveuses rétiniennes et le nerf optique sont analysés depuis plusieurs années dans les maladies du système nerveux central et leur état est un bon reflet de l’état neurologique des patients. Par ailleurs, le nerf optique est facilement accessible par imagerie. C’est le seul nerf que l’on peut étudier in vivo, de façon non invasive et précise (de l’ordre « du micron). L’idée ici était de voir si nous pouvions évaluer les répercussions neurologiques des sports de contact via l’examen du nerf optique. » 
En 2020, un partenariat est initié avec le Racing 92. Le club de rugby des Hauts-de-Seine et l’Hôpital Fondation Rothschild initient alors un projet de recherche afin d’analyser le nerf optique des joueurs par OCT (tomographie par cohérence optique). L’étude, en cours de publication, montre que les commotions cérébrales sont corrélées à une perte des fibres nerveuses rétiniennes, ce qui pourrait être un bon biomarqueur pour le suivi des joueurs. 
Suite à cette étude, le partenariat avec le Racing 92 se poursuit par la mise à disposition des ressources de l’Hôpital Fondation Rothschild pour la recherche clinique mais aussi pour le soin courant des joueurs. Avant la saison, les joueurs peuvent ainsi bénéficier de bilans ophtalmologiques réalisés par les ophtalmologistes et les orthoptistes du centre d’investigation clinique de l’hôpital. Une hospitalisation de jour est également mise en place pour les joueurs ayant plus de 5 commotions, chez qui il est recommandé de faire des bilans neurologiques complets. 

 

©DR

 

Suivi ophtalmologique des rugbymen. ©Hôpital Fondation Rothschild

Suivi ophtalmologique des rugbymen. ©Hôpital Fondation Rothschild

 

 

UNE FILIÈRE DE SOIN, DE RECHERCHE ET DE PERFORMANCE DÉDIÉE AUX SPORTIFS DE HAUT NIVEAU 

 

De ces premières études découlent d’autres idées de projet, en particulier en collaboration avec l’Insep (Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance), comme le développe Vivien Vasseur : « On s’est rapprochés de l’Insep pour voir ce qu’ils avaient mis en place autour de la vision, dans l’idée de faire d’autres projets liés au sport. Un partenariat a alors été établi pour créer une filière dédiée aux sportifs de haut niveau sur trois pans : le soin, la recherche et la performance autour de la vision. Il n’y a pas que l’ophtalmologie dans ce partenariat mais aussi la neurologie et l’ORL. » 
A travers ce partenariat, l’Hôpital Fondation Rothschild travaille avec différentes fédérations, telle que la fédération française de judo, et notamment les pratiquants de handi-judo. Pour participer aux compétitions paralympiques, ces sportifs doivent être classés au niveau visuel (les jeux paralympiques s’adressant uniquement aux personnes en situation de handicap visuel). Cette classification peut être réalisée par la plateforme d’investigation clinique, qui s’occupe également du suivi visuel si nécessaire. « L’Insep est un bon vecteur, car elle accompagne toutes les fédérations olympiques et paralympiques. Toutes les fédérations peuvent nous solliciter pour un avis ophtalmologique. Toutefois toutes ne le font pas, cela dépend de leur sensibilité à la dimension visuelle dans le sport. Nous travaillons par exemple beaucoup avec la Fédération Française de Tir, car les tireurs doivent avoir une bonne vision. On les voit régulièrement pour faire des bilans visuels », note Vivien Vasseur, qui précise qu’au-delà du soin, l’aspect performance est pris en compte : « Dans la performance sportive, on pense souvent à la performance cognitive, neurovisuelle, et à l’attention dans le champ visuel, c’est-à-dire comment le sportif va anticiper l’action qui va se passer, comment il va l’intégrer et la délivrer. La première étape est d’obtenir une bonne entrée visuelle. Quand on nous envoie quelqu’un, on s’attache déjà à ce qu’il ait la meilleure réfraction possible. On peut améliorer la vision en proposant une autre correction optique ou un autre type de correction optique, par exemple passer des lunettes aux lentilles, ou à l’orthokératologie. L’orthokératologie est peu répandue dans le sport mais c’est une bonne solution pour les sujets qui y la performance peut être sujet à débat, car il y a tout un environnement à prendre en compte. Quelqu’un qui ne voit pas très bien mais a toujours été comme ça, et qui a de très hautes performances sportives, est-ce que le corriger, ce n’est pas lui donner un autre élément auquel il doit s’adapter ? Ainsi on reste prudents sur ce qu’on peut faire et proposer. Si la personne adhère tant mieux, sinon on ne veut pas la gêner dans sa pratique. » 
Toutefois, il ajoute : « Ce qui est particulier avec les sportifs, c’est qu’on ne sait pas si les bases normatives qu’on a sur nos appareils s’appliquent aux sportifs de haut niveau, car ce sont des gens hors du commun. La première chose à faire est donc de récupérer énormément de données pour savoir si la norme est la même pour un sportif que pour nous. » 
Pour étudier au mieux l'œil dans le contexte du sport, la plateforme d’investigation clinique s’est dotée d’appareils de mesure de l’acuité visuelle dynamique et d’autres paramètres comme les saccades oculaires et les poursuites oculaires. « Dans un bilan visuel classique, on fait de l’acuité visuelle statique, c’est à dire qu’on lit quelque chose en noir sur blanc, avec un contraste maximal, et on ne bouge pas. Alors que dans la vie de tous les jours, rien n’est fixe et le contraste n’est pas à 100%. Ces appareils de mesure de l’acuité visuelle dynamique vont nous permettre d’avoir une meilleure idée d’où peut venir la performance, et comment on peut l’améliorer », détaille Vivien Vasseur. 
L’équipe travaille également avec des e-sportifs professionnels, comme il l’explique : « Comme ils passent leur vie devant un écran, on les accompagne pour faire des bilans visuels, voir si leur ressenti visuel n’est pas altéré, et ce qu’on peut leur donner comme outils pour améliorer leur performance. Alors qu’on pensait trouver beaucoup de myopie et de fatigue oculaire, finalement il n’y en a pas plus que dans la population générale. » 

 

©DR

 

Tireurs de la Fédération Française de Tir. ©Hôpital Fondation Rothschild

Tireurs de la Fédération Française de Tir. ©Hôpital Fondation Rothschild
 

"Si le sujet des lésions visibles a été bien documenté, la prévalence des lésions rétiniennes asymptomatiques est peu connue à ce jour."

 

LES TRAUMATISMES OCULAIRES DANS LE SPORT

 

Récemment, les équipes de la plateforme d’investigation clinique se sont également intéressées aux impacts oculaires dans le sport, ceux-ci étant fréquents dans les sports de collision. Si le sujet des lésions visibles a été bien documenté, la prévalence des lésions rétiniennes asymptomatiques est peu connue à ce jour. Par des examens d’imagerie, l’étude menée a montré que les lésions périphériques rétiniennes étaient prévalentes chez les rugbymen et les boxeurs (40%) comparé aux pratiquants de judo (12,5%) et aux athlètes ne pratiquant pas de sport de collision (6%). 
« Ces études nous permettent de mettre en évidence des biomarqueurs pertinents pour le suivi de ces joueurs, sans occulter le fait qu’il y a un tas de traumatismes connus et visibles liés au sport, mais aussi des lésions qui ne sont pas visibles, comme ces micro atteintes infracliniques sur le nerf optique et sur la rétine périphérique. Ces lésions ne sont pas détectables par les joueurs. Ni le joueur ni le staff ne pourrait être conscient de ça si on n’allait pas le chercher », note Vivien Vasseur. L’étude a été publiée en juin 2025 dans Sports Med Open (2).

 

 

L’OPTIMISATION DES STRATÉGIES VISUELLES DES SPORTIFS MALVOYANTS 

 

En travaillant avec les pratiquants de handi-judo de la Fédération Française de Judo, l’équipe de la plateforme d’investigation clinique a observé que ces athlètes ont des facilités d’adaptation à leur handicap visuel. « On a remarqué que leurs stratégies visuelles, avec ce qu’ils ont de champ résiduel, étaient très bien optimisées. De fait, ils ont un comportement visuel complètement différent des malvoyants qui n’ont pas ce niveau sportif. On a l’intuition que le fait qu’ils s'entraînent beaucoup, et qu’ils sont obligés d’élaborer des stratégies au-delà du cadre de la réadaptation basse vision, leur apprend à mieux exploiter leur champ visuel restant. On aimerait objectiver cela, peut-être pour passer le message que le handi-judo et plus largement le sport, est un bon vecteur pour optimiser la stratégie visuelle chez le mal voyant. In fine, ce qui nous intéresse dans la recherche sur l'oeil et le sport, c’est de faire ruisseler les résultats vers nos patients pathologiques. » 

 

©Hôpital Fondation Rothschild

©Hôpital Fondation Rothschild

Sources : (1)Mauget-Faÿsse M et al. Retinal and choroidal blood flow variations after an endurance exercise: A real-life pilot study at the Paris Marathon. J Sci Med Sport. 2021 Nov;24(11):1100-1104. doi: 10.1016/j.jsams.2021.03.013. Epub 2021 Mar 30. PMID: 33824079. (2)Arej N et al. Retinal Screening in High-Performance Athletes: A Retrospective Analysis of Asymptomatic Peripheral Lesions in Collision and Non-Collision Sports. Sports Med Open. 2025 Jun 11;11(1):74. doi: 10.1186/s40798-025-00869-y. PMID: 40498160; PMCID: PMC12158872.

 

LES LÉSIONS OCULAIRES LIÉES À LA PRATIQUE SPORTIVE

 

Dr Nicolas Arej

 

 

 

Dr Nicolas Arej,
Ophtalmologiste à l’Hôpital Fondation Rothschild.

 

 

 

Le contexte de la pratique sportive expose l’œil et l’orbite à des chocs. Les abrasions cornéennes sont fréquentes, de même que les contusions oculaires, provoquées lors des sports de contact (boxe, rugby…) ou dans le cadre de la pratique de sports de raquette (tennis, squash…), lorsqu’une balle frappe l’œil. Des plaies pénétrantes ou des fractures orbitaires peuvent également survenir. « La gravité des lésions dépend de la structure atteinte. Cela va de l’abrasion de la surface de l’oeil, une simple écorchure, à l’éclatement du globe oculaire, qui constitue une urgence chirurgicale. Ce qui est plus insidieux, c’est la répétition des chocs, avec des micro-traumatismes qui peuvent fragiliser l’oeil et favoriser certaines pathologies graves comme le décollement de la rétine. Les sports de contact sont les plus concernés par ces lésions, qui peuvent souvent être asymptomatiques », détaille le Dr Nicolas Arej, ophtalmologiste à l'Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild. Il souligne l’importance de sensibiliser les sportifs à la prévention des risques oculaires : « Le point principal, c’est la prévention. Il faut faire un examen ophtalmologique, mais aussi utiliser les équipements adaptés selon les différents sports pour protéger ses yeux et sa tête. »
Propos recueillis par Sophie Vo.

 

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