Krys Sète - Roustan
Charlène H
La rétine artificielle, ou prothèse rétinienne, a pour objet de redonner de la vision aux personnes aveugles ou avec une perte majeure de la vision centrale. En effet, différentes pathologies visuelles conduisent à la dégénérescence des photorécepteurs de la rétine, avec pour conséquence une perte de la vue en vision centrale, comme pour la DMLA Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge, ou une perte complète de la vision comme pour des dystrophies rétiniennes telle que la rétinopathie pigmentaire.
Dans la rétine, si les photorécepteurs transforment la lumière en signal électrique, un circuit neuronal va également transformer ce signal pour le communiquer au cerveau. La prothèse rétinienne stimule électriquement ce circuit neuronal résiduel après la perte des photorécepteurs pour réintroduire une perception visuelle chez le patient aveugle ou très malvoyant.
Ils se composent d’un système photosensible sous la rétine (photo ci-dessous) et d’un système optique de stimulation lumineux. Le système photosensible a été développé par le Pr Palanker à l’Université de Stanford (USA). Déjà validés sur ces les rats aveugles, l’institut de la vision doit maintenant tester si de tels implants peuvent activer des rétines plus proches de celle de l’homme. L’objectif est également de produire le système de stimulation optique. En particulier, le développement de caméras dites « biomimétiques » par un chercheur de l’Institut devrait faciliter la compréhension des informations visuelles par les patients.
Le système optique capte les informations lumineuses par la caméra, un ordinateur les analyse et les transmet optiquement à l’implant situé sous la rétine. Les courants électriques produits viennent stimuler les cellules de la rétine ce qui résulte en la perception de motifs lumineux par le cerveau. Le patient apprend alors à interpréter ces motifs lumineux récupérant ainsi des capacités visuelles.
Crédit photo : © Institut de la vision
Les récents essais cliniques ont validé ce concept sur des patients aveugles atteints de rétinopathie pigmentaire. Les patients peuvent saisir des objets voire lire des mots. Les services du Pr Sahel au Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des XV-XX et à la Fondation Ophtalmologique Rothschild, ont participé aux essais cliniques et au développement de protocoles de réhabilitation. En effet, le patient doit apprendre à utiliser cette nouvelle forme de vision. A cette fin, la plateforme Handicap « Streetlab » offre un espace de reconstitution réaliste d'une rue pour faire des tests dans un environnement urbain. Elle dispose également d’une structure dite « Homelab » pour une évaluation dans un contexte domestique. L’objectif est de faciliter la réhabilitation du sujet pour l’utilisation au quotidien de la prothèse et de la nouvelle vision.
Plateforme in-door « StreetLab » : reconstitution d’une voie publique, tel un studio de cinéma, pour les essais cliniques et le réapprentissage de la vision.
Crédit photo : © Institut de la vision
L’Institut de la Vision développe des projets pour augmenter la résolution des prothèses afin que les patients puissent à terme reconnaître des visages, retrouver une locomotion autonome, voire lire des textes complexes. Pour atteindre cet objectif, différentes collaborations ont été initiées avec plusieurs partenaires dont l’Université de Stanford (cf "Les nouveaux dispositifs à l'étude" ci-dessus), le CEA (Saclay) ou l’école d’ingénieur de l’ESIEE. Ainsi, les problèmes d’interface entre le tissu organique et le dispositif au contact de la rétine sont adressés par l’évaluation de nouveaux matériaux comme le diamant de synthèse ou le graphène. Par ailleurs, un sujet majeur repose dans le codage et la transformation des informations visuelles en signal électrique. Pour résoudre ce dernier point, une caméra révolutionnaire produite par un chercheur de l’Institut devrait à terme être intégrée dans une paire de lunette. Les progrès en nanotechnologie et en microélectronique de ces dernières années ouvrent donc de nouvelles perspectives pour réduire la cécité et redonner leur autonomie aux patients aveugles ou très malvoyants.
Serge Picaud
Directeur de recherche Inserm - Institut de la Vision, Paris.
Avec tous les remerciements du Guide de la Vue.
Pour aider la recherche, RDV sur www.institut-vision.org
Découvrez l'article sur "La thérapie génique et les maladies oculaires" par Deniz Dalkara, Chef d'Equipe, CR1 Inserm à l'Institut de la Vision - Thérapies géniques et modèles animaux des maladies neurodégénératives.
La rétine artificielle est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre depuis des années.
« Le génie, c'est l'enfance retrouvée à volonté ». Ainsi parlait Charles Baudelaire d'un âge fondateur, un âge où se cristallisent les principaux enjeux de l'existence. En effet, la capacité d'apprentissage d'un élève de maternelle est nettement supérieure à celle d'un étudiant ou d'un adulte. De même, la cicatrisation d'une plaie prend beaucoup plus de temps avec les années. Dans ce contexte, la vue mérite, elle aussi, d'être protégée dès le berceau.
Charlène H
Virginie R.
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Elisabeth G