Vers un meilleur accès aux soins oculaires
La pénurie de médecins ophtalmologistes en France « résorbée d’ici 10 ans » selon le Docteur Thierry Bour, président du SNOF*, Syndicat National des Ophtalmologistes de France.
Paris, le 12 décembre 2014 – En conférence de presse, le Dr. Thierry Bour, Président du SNOF, le Dr. Jean-Bernard Rottier, Président sortant du SNOF et le Pr. Béatrice Cochener, Présidente de l’AFO**, ont présenté les dernières projections en matière de démographie médicale. Si la pénurie d’ophtalmologistes n’est pas encore jugulée, deux facteurs laissent entrevoir un revirement de situation avant 2025 :
- l’augmentation des postes d’internes en ophtalmologie (médecins en formation pour spécialisation), 150 à la rentrée 2014 contre 106 il y a quatre ans ;
- le développement du travail aidé, 25 à 30% des ophtalmologistes travaillent en coopération avec un orthoptiste.
Pour être confirmé, ce pronostic nécessite cependant que l’accès aux soins oculaires reste une priorité pour le gouvernement et l’assurance-maladie, dans les années à venir.
Délais d’attente pour un RDV ophtalmo : la lumière au bout du tunnel ?
Ces dernières années, les ophtalmologistes se sont mobilisés sans relâche pour répondre aux besoins de soins croissants. En six ans, les ophtalmologistes libéraux ont accru leur activité de 30%, pendant que le nombre de séjours hospitaliers augmentait de 37%. En parallèle, sous l’effet des délégations de tâches, près d’1 ophtalmologiste sur 3 s’est converti au travail aidé en coopération avec des orthoptistes. Enfin, le SNOF s’est battu pour que le nombre de postes d’internes en ophtalmologie soit revu à la hausse, afin de juguler le déclin démographique de la profession, cause n°1 des délais d’attente records observés depuis quelques années. Résultat : de 106 en 2010, le numerus clausus est passé à 150 en 2014.
Dr. Thierry Bour commente : « L’ophtalmologie est la spécialité médicale la plus prisée par les étudiants : près de 100% des places sont attribuées aux 25% d’élèves les mieux classés. Ce n’est donc clairement pas un problème de vocations. Nous continuerons de réclamer une augmentation du numerus clausus jusqu’à ce que l’équilibre avec les départs en retraite soit atteint, soit environ 200 places par an. »
Le Dr. Bour est cependant optimiste sur la résolution progressive du problème d’accès aux soins oculaires en France : « Si les pouvoirs publics nous suivent dans notre volonté de moderniser et redynamiser la filière, la pénurie pourrait être résorbée d’ici 10 ans. Le point bas sera atteint en 2020, puis la situation va s’améliorer progressivement. »
Délégation de tâches : les protocoles pionniers généralisés à tout le pays en 2015 ?
Entre octobre 2013 et mars 2014, 798 patients des Pays-de-la-Loire ont participé à deux nouveaux protocoles permettant de réduire le délai d’attente de plusieurs mois à quelques jours. Les patients étaient reçus par un orthoptiste qui réalisait les mesures. Ces dernières étaient analysées en différé par l’ophtalmologiste, qui rédigeait l’ordonnance. Ce modèle a été validé par le collège des financeurs de l’Assurance-Maladie et a reçu le soutien officiel de la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui souhaite « étendre cette solution à tout le territoire afin de libérer du temps médical ». Aidé d’un ou plusieurs orthoptistes, l’ophtalmologiste peut en effet se consacrer aux urgences et aux pathologies, tout en assurant sa mission de prévention.
Selon un sondage SNOF-IFOP mené en septembre 2014 auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes, 3 Français sur 4 plébiscitent ce modèle. 8 sur 10 seraient même d’accord, à titre personnel, pour être vus par un orthoptiste dans le cadre d’une visite de suivi entre deux examens.
Un chantier prioritaire : favoriser l’accès du secteur 1 à la délégation de tâches
La généralisation du travail aidé est un chantier majeur : ce système est de plus en plus adopté par les ophtalmologistes libéraux (environ 25% actuellement). Mais il repose malheureusement sur un modèle économique inaccessible aux médecins conventionnés en secteur 1.
Le Dr. Thierry Bour plaide : « Aujourd’hui, le défi majeur est de donner au secteur 1 les moyens de s’impliquer dans la délégation de tâches, en leur proposant des financements adaptés. C’est une condition sine qua non pour garantir un accès durable aux soins oculaires à tous les Français. »
Échaudé par la version initiale du projet de loi « Croissance et pouvoir d’achat » du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, qui prévoyait de confier le dépistage des affections oculaires à des opticiens-optométristes, tout en plaçant ces derniers en position de prescripteurs-vendeurs, le SNOF sera particulièrement vigilant lors de l’examen de la loi au Parlement.
Le Dr. Bour conclut : « Que ce soit dans le cadre de la loi Macron ou d’une future loi, nous serons attentifs à toute initiative ayant pour conséquence de remettre en question la qualité de la prévention oculaire et l’intérêt supérieur des patients. »
A propos :
* SNOF : créé en 1906, le Syndicat National des Ophtalmologistes de France, a pour but "d'étudier et de préparer en collaboration avec les pouvoirs publics et les autorités compétentes l'application des mesures générales de protection de la santé publique pouvant se rapporter à l'exercice de l'ophtalmologie".
Il constitue l’interface entre les ophtalmologistes, avec leurs priorités de médecins, l’intérêt de leurs patients, leur volonté de garantir un accès à des soins de qualité et les pouvoirs publics.
** AFO : Académie Française d'Ophtalmologie.
Source : Communiqué de presse Snof 12 décembre 2014.
À lire aussi
Reconfinement, la continuité des soins visuels assurée
À l'heure du reconfinement de la France visant depuis le vendredi 30 octobre 2020 à limiter la propagation du nouveau coronavirus, les pouvoirs publics ont tranché et autorisé la poursuite de la médecine de ville.
Cause de la myopie : des gènes identifiés
La myopie se caractérise, en fonction de son degré, par une vision plus ou moins floue en vision lointaine. Il est très important de la dépister tôt car non décelée, elle peut engendrer des problèmes d’apprentissage aux enfants.